🔎 Fiche espèce : Baiji (dauphin du Yangtsé)

🔎 Fiche espèce : Baiji (dauphin du Yangtsé)

Le baiji, ou dauphin du Yangtsé, est une espèce de cétacé d’eau douce aujourd’hui éteinte. Il incarne l’impact dramatique de l’activité humaine sur les milieux aquatiques fluviaux.

Description et caractéristiques du baiji

Le baiji (Lipotes vexillifer) était un cétacé d’eau douce, appartenant à la famille des Iniidae. Il se distinguait par un corps élancé au dos gris bleuté, une nageoire dorsale triangulaire peu marquée, et un ventre plus clair, blanchâtre.

Avec une taille moyenne de 2 à 2,5 mètres pour un poids allant de 135 à 230 kg, ce dauphin présentait un dimorphisme sexuel : les femelles étaient légèrement plus grandes que les mâles. Il arborait un long museau fin, garni d’environ 130 petites dents pointues adaptées à la capture de poissons.

Adapté aux eaux troubles du Yangtsé, le baiji possédait une vue très limitée, presque nulle. Il s’orientait et chassait grâce à un système d’écholocation performant, émettant des impulsions sonores pour localiser ses proies et éviter les obstacles.

Sa nage était caractérisée par une grande prudence. Contrairement à d’autres dauphins plus joueurs, le baiji était un animal généralement discret et solitaire, ou vivant en petit groupe de 2 à 6 individus.

Habitat et répartition du baiji

Le baiji était endémique du fleuve Yangtsé, le plus long fleuve d’Asie, situé en Chine. Sa distribution s’étendait sur environ 1 700 km entre Yichang et Shanghai. Il préférait les zones calmes, les bras secondaires et évitait les secteurs à fort courant ou pollués.

Cette espèce vivait dans une zone d’altitude moyenne inférieure à 100 mètres, où la température de l’eau fluctuait entre 15 et 25 °C. La croissance urbaine, l’industrialisation rapide, et la construction de barrages ont dégradé et fragmenté son habitat naturel, limitant ses déplacements et ses interactions sociales nécessaires à la reproduction.

Zone géographique Fleuve Yangtsé
Longueur du fleuve 6 300 km
Répartition historique 1 700 km linéaires
Altitude moyenne Moins de 100 m
Température de l’eau 15 à 25 °C

Alimentation et comportement du baiji

Le baiji était un prédateur piscivore, se nourrissant principalement de poissons tels que les carpes, les anguilles et les gobies. Grâce à son sonar sophistiqué, il détectait ses proies même dans les eaux turbides, en chassant seul ou en petits groupes.

Son comportement était calme et routinier. Contrairement à certains dauphins marins, il n’était pas connu pour ses sauts ou ses jeux aériens. Le baiji passait la majorité de son temps à nager lentement près du fond, en quête de nourriture.

Il remontait à la surface toutes les 30 à 60 secondes pour respirer par son évent, situé au sommet de la tête. Ce souffle était silencieux et peu visible, rendant l’espèce difficile à repérer. Il était surtout actif à l’aube et au crépuscule, périodes de forte activité piscicole.

Reproduction et cycle de vie du baiji

La reproduction du baiji reste peu documentée. On estime que la femelle atteignait la maturité sexuelle vers l’âge de 6 à 7 ans, le mâle un peu plus tard. La saison des amours se situait probablement entre février et mai.

Après une gestation estimée à 11 mois, la femelle donnait naissance à un seul petit, mesurant environ 80 cm à la naissance. Celui-ci restait auprès de sa mère pendant plusieurs mois, période durant laquelle il était allaité et protégé.

La durée de vie d’un baiji était probablement de 24 à 30 ans. Cependant, les perturbations humaines et les stress environnementaux ont significativement réduit son espérance de vie dans la nature.

Relations du baiji avec l’humain et menaces

En Chine, le baiji était surnommé la “déesse du Yangtsé” et jouissait d’un statut quasi-sacré. Mais cette symbolique culturelle n’a pas suffi face aux menaces grandissantes causées par l’activité humaine.

Parmi les principaux dangers :

  • Pollution industrielle : métaux lourds, déchets chimiques, hydrocarbures
  • Collisions fréquentes avec les bateaux à moteur
  • Captures accidentelles dans les filets de pêche
  • Fragmentation de l’habitat par les barrages, notamment celui des Trois Gorges
  • Compétition alimentaire avec les espèces introduites

Dès les années 1980, le nombre de baijis s’est effondré. En 1997, il ne restait qu’une douzaine d’individus recensés. Une expédition menée en 2006 n’en détecta aucun, confirmant son extinction fonctionnelle.

Statut de conservation du baiji

Le baiji est désormais classé comme “éteint à l’état sauvage” par l’UICN. Il est inscrit en Annexe I de la Convention CITES, ce qui interdit toute forme de commerce international de l’espèce.

C’est le premier grand cétacé à avoir disparu à cause des activités humaines. Il est souvent cité comme un sombre avertissement, aux côtés de la vaquita et du dauphin de l’Irrawaddy.

Les mesures conservatoires ont malheureusement été trop tardives et trop limitées :

  • Réserves naturelles fluviales établies sur certaines portions du Yangtsé
  • Captures pour élevage en captivité (tentatives infructueuses)
  • Campagnes de sensibilisation dans les années 1990
  • Réglementations de pêche partiellement mises en œuvre

L’absence de coordination sur le long terme a pesé lourdement dans la disparition de l’espèce.

Rôle écologique du baiji dans le Yangtsé

En tant que prédateur au sommet de la chaîne alimentaire locale, le baiji jouait un rôle crucial dans l’équilibre écologique du Yangtsé. Il contribuait à réguler les populations de petits poissons, maintenant ainsi la stabilité des espèces.

Sa disparition a sans doute favorisé la prolifération d’espèces invasives ou compétitives, provoquant un déséquilibre dans le fleuve. Le baiji est également un indicateur emblématique de la dégradation de la biodiversité fluviale dans les zones industrialisées de Chine.

Le fleuve Yangtsé abrite encore d’autres animaux menacés comme l’esturgeon chinois ou le marsouin sans nageoire, renforçant l’urgence de protéger ces milieux fragiles.

Présence du baiji dans la culture chinoise

Le baiji occupe une place importante dans l’imaginaire collectif chinois. Selon une vieille légende, une princesse transformée en dauphin blanc serait à l’origine de l’espèce, lui conférant un statut divin et protecteur.

Il était représenté fréquemment dans la poésie traditionnelle, l’art et les timbres-poste. Mais aujourd’hui, il est devenu un << symbole tragique >> de l’extinction causée par l’homme.

Des artistes renommés, comme Ai Weiwei, ont repris l’image du baiji pour dénoncer la perte de biodiversité et les atteintes à l’environnement en Chine.

Le saviez-vous sur le baiji ?

  • Le dernier baiji en captivité, une femelle nommée Qi Qi, est morte en 2002 à 24 ans à l’aquarium de Wuhan.
  • En 2007, une vidéo amateur a montré un animal semblable au baiji dans le Yangtsé, sans confirmation officielle.
  • L’espèce était souvent désignée en Chine comme le “panda de l’eau” pour souligner sa rareté et son importance symbolique.

Notre dernier mot sur le baiji

Le baiji restera comme un emblème poignant de la crise environnementale. Sa disparition, bien que silencieuse, interpelle sur l’indifférence qui entoure les milieux fluviaux en danger.

Éteint à cause de l’homme, il nous laisse un lourd héritage. Protéger la faune des rivières est devenu une priorité urgente pour la biodiversité mondiale. Ne pas répéter les erreurs du passé est la meilleure façon d’honorer la mémoire de ce dauphin disparu.

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