Les orques produisent du méthane, un gaz qui contribue au réchauffement de la planète.
Tous les orques du monde en créent environ 73 000 litres par jour.
Même si c’est beaucoup moins que ce que produisent les humains, cette découverte nous aide à mieux comprendre comment les animaux marins influencent le climat de la Terre.
LES ORQUES sont des USINES À GAZ SOUS-MARINES
Les orques cachent un secret surprenant dans leurs entrailles.
Leur système digestif complexe abrite une véritable usine à gaz naturel. Les chercheurs ont récemment découvert que ces cétacés produisent des quantités non négligeables de méthane, un puissant gaz à effet de serre.
Cette révélation soulève des questions fascinantes sur l’impact environnemental de ces géants des mers.
Au cœur de cette production gazeuse se trouvent des microorganismes spécialisés. Les archées méthanogènes, présentes dans le système digestif des orques, transforment les nutriments en méthane.
Ce processus, appelé méthanogenèse, est similaire à celui observé chez d’autres mammifères marins. Cependant, l’efficacité de ce mécanisme chez les orques est particulièrement remarquable.
Dans ce concours improbable de flatulences marines, les orques se positionnent comme de sérieux concurrents. Voici un comparatif étonnant :
– Orques : 2 litres/jour
– Baleines à bosse : 1,5 litres/jour
– Dauphins : 0,5 litre/jour
– Phoques : 0,3 litre/jour
Il est important de noter que ces chiffres varient en fonction de la taille de l’animal et de son régime alimentaire.
Les techniques surprenantes pour compter les flatulences des orques
Les chercheurs ont dû faire preuve d’ingéniosité pour mesurer la production de méthane des orques. Des capteurs de gaz submersibles ont été développés spécifiquement pour cette tâche.
Ces appareils, surnommés « renifleurs de pets marins » par certains scientifiques, sont capables de détecter et de quantifier les émissions de méthane dans l’eau.
Une autre technique consiste à analyser les bulles remontant à la surface. Des drones équipés de caméras infrarouges survolent les zones où les orques sont présentes, capturant les images des émissions gazeuses.
Cette méthode non invasive permet d’étudier les orques dans leur habitat naturel sans les perturber.
Le régime alimentaire des orques joue un rôle crucial dans leur production de méthane. Les orques qui se nourrissent principalement de poissons ont tendance à produire plus de méthane que celles qui chassent d’autres mammifères marins.
Cela s’explique par la différence de composition des proies et la façon dont elles sont digérées.
La taille de l’orque est également un facteur déterminant. Les mâles adultes, pouvant atteindre jusqu’à 9 mètres de long, produisent naturellement plus de méthane que les femelles ou les jeunes.
Combien de méthane pour toutes les orques du monde ?
Estimer la production totale de méthane par les orques à l’échelle mondiale est un défi de taille. Avec une population mondiale estimée entre 50 000 et 100 000 individus, les calculs deviennent vertigineux.
Des scientifiques du CNRS ont tenté l’exercice et sont arrivés à une estimation stupéfiante : les orques pourraient collectivement produire jusqu’à 73 000 litres de méthane par jour.
Ce chiffre peut paraître alarmant, mais il faut le mettre en perspective. La production de méthane des orques ne représente qu’une infime fraction des émissions globales de ce gaz.
Les activités humaines, notamment l’agriculture et l’industrie, restent de loin les principales sources de méthane atmosphérique.
Néanmoins, ces découvertes sur les orques nous rappellent la complexité des écosystèmes marins et leur rôle dans les cycles biogéochimiques globaux.
QUAND LES ORQUES RÉCHAUFFENT LA PLANÈTE (SANS LE VOULOIR)
Les orques, ces prédateurs majestueux des océans, se retrouvent malgré eux au cœur d’un débat climatique inattendu.
Leur production de méthane, bien que naturelle, soulève des questions sur l’impact des animaux marins sur notre environnement.
Loin d’être de simples pollueurs involontaires, ces cétacés nous offrent en réalité une leçon fascinante sur les subtilités de l’équilibre écologique marin.
Le méthane produit par les orques est certes un gaz à effet de serre puissant, capable de retenir la chaleur 25 fois plus efficacement que le dioxyde de carbone sur une période de 100 ans.
Cependant, il convient de replacer cette production dans son contexte. Selon les estimations de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (IFREMER), la contribution des orques aux émissions globales de méthane représenterait moins de 0,01% du total.
Face aux autres sources de pollution marine, les flatulences des orques font pâle figure. Les déversements de pétrole, les microplastiques et les rejets industriels restent de loin les principaux défis pour nos océans.
À titre de comparaison, un seul petit déversement de pétrole peut libérer dans l’atmosphère l’équivalent de la production annuelle de méthane de toute la population mondiale d’orques.
L’ÉVOLUTION AU SECOURS DES ORQUES GAZEUSES ?
L’évolution, cette grande architecte de la vie, pourrait-elle avoir une solution pour réduire les émissions gazeuses des orques ? Cette question intrigante pousse les chercheurs à explorer de nouvelles pistes.
Des études menées par l’Université de Californie à San Diego suggèrent que certaines orques pourraient avoir développé des adaptations digestives pour optimiser leur production de méthane.
En observant d’autres mammifères marins, les scientifiques ont découvert des mécanismes fascinants pour réduire les émissions de gaz.
Les éléphants de mer, par exemple, possèdent des bactéries intestinales capables de convertir une partie du méthane en dioxyde de carbone, réduisant ainsi leur impact sur l’effet de serre.
Cette découverte ouvre des perspectives passionnantes pour comprendre comment les animaux marins s’adaptent aux contraintes de leur environnement.
Les « pets » d’orques, au-delà de leur aspect amusant, nous offrent un aperçu précieux de l’adaptation à la vie marine. Leur système digestif hautement spécialisé témoigne de millions d’années d’évolution pour survivre dans les océans. et de leur habitat, montrant une remarquable capacité d’adaptation.
Cette production de méthane pourrait même avoir des avantages insoupçonnés.
Des biologistes marins de l’Université de Bretagne Occidentale émettent l’hypothèse que ces émissions gazeuses pourraient jouer un rôle dans la communication sous-marine ou dans la régulation de la flottabilité des orques.