114 pays consomment de la viande d’orque : cette pratique rapporte des millions à 54 nations

Depuis 1990, des mammifères marins auraient été consommés dans 114 pays, révélant l’ampleur mondiale d’un phénomène largement méconnu du grand public. Cette pratique ancestrale, souvent assimilée uniquement à la chasse à la baleine dans certains pays nordiques, concerne en réalité 87 espèces de mammifères marins et génère des bénéfices économiques considérables dans de nombreuses nations.

La consommation de viande d’orque touche 114 pays dans le monde

La dimension globale de la consommation de mammifères marins dépasse largement les clichés. Depuis 1990, 114 pays ont mangé de la chair de 87 espèces de mammifères marins provenant d’une chasse volontaire ou de prises accidentelles, selon une étude de trois ans menée par Martin D. Robards et Randall R. Reeves, publiée dans Biological Conservation.

Cette pratique ne se limite pas aux baleines. Parmi les victimes, on retrouve de nombreux dauphins, le marsouin de Burmeister, les otaries de Californie, des lamantins, des dugongs et même l’ours polaire. La diversité des espèces consommées témoigne d’une adaptation alimentaire liée aux ressources locales disponibles.

Les captures accidentelles jouent un rôle croissant dans cette consommation. Depuis les années 1970, les pêcheurs profitent de plus en plus des prises accidentelles, transformant des incidents en opportunités économiques. Ce phénomène s’amplifie particulièrement pour la consommation de cétacés et mammifères marins de petite taille, moins surveillés que les grandes baleines.

L’étude révèle une évolution contrastée selon les régions. Si la chasse aux grands cétacés a diminué depuis vingt ans, la consommation de cétacés et mammifères marins de petite taille a augmenté dans certains pays, notamment ceux confrontés à des défis alimentaires.

Des traditions millénaires entre survie et commerce

Les pratiques traditionnelles de chasse aux mammifères marins s’enracinent dans des nécessités de survie séculaires. 

1 – Au Canada, les communautés nordiques chassent en autres le béluga et le narval, ainsi qu’une baleine boréale tous les deux ou trois ans. Cette chasse aborigène, reconnue par la Commission baleinière internationale, répond à des autochtones qui partagent de forts liens communautaires, familiaux, sociaux et culturels liés à une dépendance traditionnelle à la chasse à la baleine.

2 – Au Groenland, la situation illustre les tensions entre traditions et réglementation moderne. En 2018, le Groenland a tué un total de 131 baleines, avec le kilo de viande d’orque estimé à 7 euros. Cette activité génère des revenus substantiels, mais la viande de baleine est vendue dans les supermarchés du Groenland et est servie au menu des restaurants et cafés, dépassant la subsistance traditionnelle.

3 – L’Indonésie offre un exemple remarquable de pérennité culturelle. Dans le petit village de Lamalera, on pratique la chasse traditionnelle au harpon sur le cachalot depuis les années 1640. Leur méthode ancestrale consiste à se propulser dans les airs et frapper l’animal au harpon grâce à leur force et leur poids, avec environ 30 à 50 cachalots tués chaque année et partagés au sein des communautés avoisinantes.

🧠 À retenir : La consommation mondiale de mammifères marins s’étend sur 114 pays et implique 87 espèces différentes, alliant traditions ancestrales et opportunités commerciales issues des prises accidentelles.

Les risques sanitaires majeurs de la bioaccumulation toxique

La position des mammifères marins au sommet de la chaîne alimentaire génère une bioaccumulation dangereuse de contaminants. Les orques, superprédateurs des océans, se trouvent au sommet de la chaîne alimentaire marine et accumulent dans leur organisme des polluants persistants comme les PCB et les métaux lourds.

Les niveaux de contamination atteignent des seuils alarmants. Une étude menée en 2008 sur des orques échouées en Écosse a révélé des taux de contamination aux PCB jusqu’à 100 fois supérieurs aux seuils sanitaires fixés par l’Union européenne. Cette contamination résulte de l’accumulation progressive des polluants dans les tissus graisseux.

Le mercure constitue une menace particulièrement préoccupante. Le méthylmercure tend à s’accumuler dans tous les poissons, mais plus particulièrement dans les prédateurs et les mammifères marins. Le taux de mercure dans les poissons marins ne cesse de croître, atteignant des seuils très préoccupants chez de nombreux mammifères marins, malgré les réglementations.

L’Organisation mondiale de la santé a pris position. L’Organisation mondiale de la santé classe la viande de mammifères marins parmi les aliments « à éviter » en raison des taux élevés de contaminants qu’elle contient. Les risques sanitaires incluent des troubles neurologiques, hépatiques et endocriniens, particulièrement dangereux pour les femmes enceintes et les enfants.

Enjeux écologiques et économiques d’une pratique controversée

L’exploitation commerciale génère des revenus significatifs dans de nombreux pays. La consommation de mammifères marins fournirait des avantages économiques à 54 pays, créant un dilemme entre bénéfices immédiats et conservation à long terme.

Le contexte socioéconomique influence fortement les pratiques. Certaines nations diminuent les quantités chassées au cours du temps lorsque les conditions de vie s’améliorent, tandis que d’autres contrées profitent du développement de nouvelles technologies pour augmenter leur pression sur les organismes aquatiques. Cette dynamique contradictoire complique les efforts de conservation.

Les populations de mammifères marins subissent des pressions multiples. Avec une population mondiale estimée à seulement 50 000 individus, l’orque est considérée comme une espèce vulnérable, et certaines populations, comme celles de l’Atlantique Nord, sont classées en danger critique d’extinction.

L’impact écologique dépasse la seule mortalité directe. Au sommet de leurs chaînes alimentaires, les mammifères marins jouent un rôle fondamental dans l’équilibre des écosystèmes marins. Leur disparition entraîne des déséquilibres cascades affectant toute la biodiversité marine.

Une étude de Nature souligne l’urgence de la situation : selon une étude publiée en 2019 dans la revue Nature, même une chasse limitée à 1 % de la population totale pourrait suffire à faire basculer certaines populations d’orques vers l’extinction. Cette vulnérabilité extrême questionne la viabilité à long terme de toute exploitation commerciale, alors que les alternatives durables d’observation touristique génèrent des revenus croissants dans de nombreuses régions côtières.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Avec le code PASSION ORQUE - 20% sur votre Commande

X