Immenses et discrets, les cachalots fascinent autant qu’ils intriguent. On les imagine chassant calmement dans les profondeurs… mais ce qu’ils révèlent sur la biodiversité et les équilibres sous-marins va bien au-delà de leur simple régime alimentaire.
De leur chasse au calmar géant à leur rôle dans la fertilité des océans, ces mastodontes marins sont des indicateurs de l’état invisible des abysses. Et leur menu en dit long sur la santé des écosystèmes menacés.
Un chasseur des profondeurs à l’appétit colossal
Le cachalot, le plus grand cétacé à dents du monde, parcourt tous les océans — de l’Arctique à l’Antarctique — à la recherche de proies bien spécifiques. Principalement carnivore, il se nourrit surtout de calmars, y compris les redoutables spécimens géants et colossaux qui vivent à plus de 1 000 mètres de profondeur. Ce cétacé peut avaler jusqu’à 800 calmars en une seule journée.
Mais son régime alimentaire va bien au-delà. Des poissons profonds comme le sabre noir, des raies, des requins, voire des crustacés comme les crabes, crevettes ou même des homards figurent aussi à son menu. Des analyses de contenus stomacaux de cachalots ont même révélé la présence de méduses, étoiles de mer, concombres de mer et d’étonnantes colonies de tuniciers — autant d’espèces révélatrices d’un fragile écosystème profond.
Par sa simple alimentation, le cachalot agit comme un véritable témoin sentinelle de la richesse biologique des abysses. Sa diète variée reflète la disponibilité — ou la disparition — d’une grande partie de la faune benthique, souvent invisible pour nous.
Un impact écologique insoupçonné des excréments de cachalot
On pourrait croire que tout s’arrête à ce qu’il mange. Et pourtant, les cachalots jouent aussi un rôle essentiel après digestion. Lorsqu’ils rejettent leurs excréments à la surface, riches en fer et nutriments, ils nourrissent abondamment le phytoplancton, ces microalgues capables de capturer le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.
En d’autres termes, ces mastodontes marins participent indirectement à la régulation du climat en favorisant le développement du phytoplancton, base de toute la chaîne alimentaire océanique et poumon vert des mers. Sans cette biodiversité microscopique boostée par les déjections des cachalots, les océans s’appauvriraient… mettant en péril l’équilibre des écosystèmes marins.
🧠 À retenir — Loin de se limiter à la prédation, le régime alimentaire du cachalot, autant que ses excréments, influence positivement l’ensemble du milieu marin. Comprendre son alimentation, c’est aussi mieux saisir les liens invisibles entre faune, climat et santé des océans.
Un festin quotidien de plusieurs tonnes
Avec un poids qui peut frôler les 50 tonnes pour les plus grands mâles, le cachalot a un appétit à la hauteur de sa corpulence. Chaque jour, ce géant consomme l’équivalent d’environ 3 % de son poids corporel en nourriture, soit près de 900 kilos en moyenne. Cela peut représenter plus de deux mille proies par jour selon leur taille.
Les femelles, bien que plus petites, mangent jusqu’à 800 petits calmars chaque jour, contre 400 pour les mâles. Cette activité de chasse permanente témoigne aussi d’une énergie constante à mobiliser pour plonger à plus de 3 000 mètres sous la surface, où lumière et vision font défaut. Pour localiser leurs proies, les cachalots utilisent un système de sonar ultra-puissant, capable de générer des sons allant jusqu’à 233 décibels. Ce sont les animaux les plus bruyants de la planète.
Grâce à l’écholocation, comparable à une vue sonore, ils peuvent identifier un calmar plusieurs centaines de mètres plus bas, au-delà de toute lumière visible. Une stratégie de chasse aussi efficace que spectaculaire, digne d’un thriller des profondeurs.
Un fragile équilibre menacé par la compétition et l’activité humaine
Bien que dominants parmi les cétacés, les cachalots ne sont pas les seuls prédateurs marins. Les orques, notamment, partagent plusieurs types de proies. Il arrive même que des groupes d’orques attaquent des groupes de cachalots pour se nourrir de leurs jeunes, bien plus vulnérables. D’autres espèces comme les globicéphales ou les faux orques peuvent aussi entrer en compétition alimentaire avec eux.
Mais le plus grand danger aujourd’hui vient de l’activité humaine. La pollution sonore sous-marine, notamment due à l’exploration minière des grands fonds, pourrait rendre l’écholocation des cachalots difficilement utilisable, perturbant leur capacité à se nourrir ou communiquer. De plus, dans certaines régions du Pacifique, les projets d’extraction dans les zones profondes menacent brutalement ces sanctuaires marins encore mal étudiés.
Enfin, bien que la chasse commerciale aux cétacés soit aujourd’hui largement prohibée, des cachalots continuent parfois d’être victimes de collisions avec des navires ou de captures accidentelles dans les filets de pêche industrielle. Le menu du cachalot devient ainsi un témoignage silencieux des menaces invisibles qui pèsent sur nos écosystèmes marins.
📝 Cet article est inspiré de la publication originale :
What Do Sperm Whales Eat? 8 Common Foods In Their Diet