Les dauphins ne se contentent pas de nager gracieusement : ils chuchotent, sifflent, claquent… et peut-être même se parlent. Derrière leurs sons mystérieux se cache un langage complexe que la science tente enfin de percer.
Grâce à l’intelligence artificielle, les chercheurs espèrent un jour dialoguer réellement avec ces cétacés. Mais que disent-ils vraiment ? Et sommes-nous prêts à les comprendre ? Plongée dans un univers sonore aussi fascinant qu’énigmatique.
Communication ou langage : quelle est la réelle capacité des dauphins ?
Depuis longtemps, on sait que les dauphins sont des créatures sociales et communicantes. En utilisant des sifflements, des cliquetis ou des mouvements du corps, ils échangent des informations vitales pour la survie de leur groupe – comme la présence de proies ou le niveau de danger environnant.
Mais ces comportements, aussi riches soient-ils, relèvent-ils simplement de la communication ou d’un véritable langage ? Un langage, au sens humain du terme, exige des règles de syntaxe, une structuration de l’information, et la possibilité de transmettre des idées abstraites de manière précise. Or, cela reste difficile à prouver chez les animaux.
Pour illustrer la nuance : un cerf peut présenter ses bois pour signifier sa force, tout comme une fleur attire un insecte par ses couleurs. C’est de la communication. Mais dites à haute voix « J’ai croisé un renard près de mon arrêt de métro », et là, il faut une grammaire, un vocabulaire. Chez les humains, c’est du langage. Chez les dauphins ? Le débat reste ouvert.
Des outils high-tech pour percer enfin le code vocal des dauphins
Des programmes ambitieux, comme DolphinGemma — un projet récent de Google DeepMind et de l’Université Georgia Tech — ambitionnent de faire tomber les barrières entre espèces. À travers l’analyse vocale de milliers de sifflements et clics, ce système d’intelligence artificielle essaie de traduire les signaux des dauphins en un langage compréhensible pour les humains.
Le but ultime va au-delà de la simple traduction. Les chercheurs espèrent ouvrir une vraie communication bidirectionnelle, dans laquelle nous pourrions non seulement comprendre ces cétacés mais aussi leur répondre… dans leur propre “langue”.
Mais les obstacles restent massifs. Les dauphins utilisent des sons dans plusieurs contextes différents. Un même clic peut signifier une alerte ou un jeu, selon le ton, la durée ou la situation sociale du moment. Sans les clés affectives ou comportementales qui accompagnent leurs messages, la traduction reste bancale.
🧠 À retenir – Bien que les dauphins n’aient pas encore démontré une grammaire au sens humain, leurs modes de communication révèlent un degré de complexité émotionnelle et contextuelle qui laisse ouverte la porte à un équivalent de langage. Et l’intelligence artificielle pourrait bientôt nous aider à le comprendre.
Les multiples formes de communication chez les dauphins
Les dauphins disposent d’une palette étonnamment variée pour se faire comprendre. Leurs méthodes incluent :
- Les sons : clics, sifflements, grognements ou même cris étouffés.
- Les mouvements : sauts, roulades, claquements de queue, ou simples changements de posture.
- Le toucher : caresses, frottements et parfois heurts pour manifester l’agressivité ou l’affection.
Parmi leurs particularités les plus intrigantes, il y a le “sifflement signature”. Chaque dauphin en développe un dès son jeune âge, une sorte de nom sonore personnel. Un peu comme nos prénoms, il est ensuite utilisé par les autres membres du groupe pour les identifier.
À cela s’ajoute l’usage possible de l’écholocalisation à des fins de communication. Si l’on pensait, au départ, que les clics servaient uniquement à se repérer, plusieurs études laissent penser qu’ils pourraient aussi transmettre des intentions ou des informations.
Enfin, le contact physique joue un rôle crucial, surtout entre une mère et son petit. On les voit souvent nager flanc contre flanc, et les frottements de nageoires seraient un équivalent des câlins chez les humains.
L’urgence de comprendre ces signaux avant qu’ils ne disparaissent
Un défi majeur complique la recherche actuelle : la dégradation auditive chez les dauphins. Des études ont montré que de nombreux individus échoués souffraient de troubles de l’audition, sans doute à cause des bruits anthropiques sous-marins (marine, sonars, forages…).
Les dauphins pourraient donc adapter leur langage, passant de sons à des signaux visuels ou tactiles, rendant les travaux scientifiques rapidement obsolètes. À trop attendre, il se pourrait que nous loupions la dernière chance d’accéder à leur code sonore.
Autre complication : certains comportements sont ambivalents. Une secousse de la tête peut vouloir dire “ne m’approche pas” ou annoncer un jeu. Le même comportement, différentes significations. Sans leur contexte, les scientifiques sont souvent perdus.
Et que dire du mystérieux “sky hopping”, ce moment où plusieurs dauphins sortent la tête de l’eau pour observer les alentours ? S’agit-il d’un jeu social synchronisé, ou bien d’une stratégie de vigilance partagée, comme lorsqu’un groupe de suricates se dresse sur ses pattes pour guetter l’horizon ?
📝 Cet article est inspiré de la publication originale :
How Do Dolphins Communicate With Each Other and What Are They Signaling?