Du blanc immaculé aux mysterieuses orques grises, en passant par des teintes rosées inattendues, les orques nous révèlent une palette de couleurs aussi variée qu’énigmatique.
Dans cet article, on vous explique ces colorations rares des orques, un phénomène qui touche environ 1 individu sur 10 000.
ORQUES ALBINOS : LE PHÉNOMÈNE DU « BLANC COMME NEIGE
Les orques albinos fascinent autant les scientifiques que le grand public.
Ce phénomène rare, qui touche environ 1 individu sur 10 000, résulte d’une mutation génétique affectant la production de mélanine, le pigment responsable de la coloration de la peau et des yeux.
Le mécanisme génétique à l’origine de l’albinisme chez les orques implique une mutation du gène TYR, codant pour l’enzyme tyrosinase. Cette enzyme est cruciale dans la synthèse de la mélanine.
Lorsqu’elle est défectueuse, la production de pigments est altérée, donnant naissance à ces spectaculaires cétacés blancs aux yeux rouges ou bleus.
Parmi les cas les plus célèbres, on ne peut passer sous silence « Chimo », une orque albinos femelle capturée en 1970 au large de la Colombie-Britannique. Malheureusement, elle n’a survécu que deux ans en captivité.
Plus récemment, en 2012, l’observation d’une orque albinos mâle adulte, surnommée « Iceberg », au large du Kamtchatka en Russie, a fait sensation dans la communauté scientifique.
Les défis de survie pour ces individus sont nombreux :
• Une sensibilité accrue aux rayons UV, pouvant causer des brûlures et des cancers de la peau
• Une vision souvent altérée, compliquant la chasse et la navigation
• Une visibilité accrue pour les prédateurs, notamment durant le jeune âge
Malgré ces obstacles, certaines orques albinos parviennent à s’adapter.
Des chercheurs ont observé des comportements de protection au sein des pods, où les individus albinos sont entourés par leurs congénères pigmentés lors des déplacements en surface.
ORQUES « GRISES » : UNE VARIATION SUBTILE MAIS SIGNIFICATIVE
Les orques grises, moins spectaculaires que leurs cousines albinos mais tout aussi intrigantes, présentent une coloration atypique qui soulève de nombreuses questions.
Cette variation se caractérise par une teinte grise uniforme, en lieu et place du contraste noir et blanc emblématique des orques.
L’origine de cette coloration particulière n’est pas encore totalement élucidée, mais les chercheurs penchent pour une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux.
Géographiquement, les observations d’orques grises se concentrent principalement dans les eaux froides de l’Antarctique et du sud de l’océan Indien.
En 2022, une équipe franco-australienne a recensé 37 individus gris au large des îles Crozet, représentant environ 20% de la population locale.
Cette répartition particulière soulève des questions fascinantes sur l’évolution et l’adaptation des orques.
Les scientifiques émettent l’hypothèse que cette coloration pourrait conférer un avantage dans certains environnements, peut-être en termes de camouflage ou de thermorégulation.
LE MYSTÈRE DES ORQUES « ROSES »
Parmi les colorations atypiques des orques, le phénomène des individus « roses » est sans doute le plus énigmatique. Ces cétacés à la teinte rosée, observés sporadiquement dans différentes régions du globe, suscitent un vif intérêt dans la communauté scientifique.
Les descriptions de ces orques sont rares mais concordantes. Elles font état d’individus présentant une coloration rose pâle à rose vif, particulièrement visible sur les parties habituellement blanches de leur corps.
L’observation la plus médiatisée remonte à 2012, lorsqu’un groupe de pêcheurs a photographié une orque rose au large de la Russie, dans la mer d’Okhotsk.
Les hypothèses sur l’origine de cette coloration inhabituelle sont multiples :
• Facteur génétique : Une mutation affectant la production ou la distribution des pigments
• Influence alimentaire : Certains scientifiques suggèrent qu’une alimentation riche en krill ou en crevettes pourrait induire cette teinte
• Facteurs environnementaux : L’exposition à certains polluants ou à des conditions océaniques particulières pourrait jouer un rôle
Pour percer ce mystère, des équipes de recherche internationales multiplient les efforts.
L’Institut de recherche sur les cétacés de Monaco, en collaboration avec des chercheurs russes et canadiens, a lancé en 2023 une étude génétique approfondie. Leur objectif : comparer l’ADN d’orques roses avec celui d’individus à la coloration classique.
VARIATIONS DE PIGMENTATION CHEZ LES JEUNES ORQUES
La coloration des orques évolue de façon remarquable au cours de leur croissance, offrant un spectacle fascinant aux observateurs attentifs. À la naissance, les nouveau-nés arborent souvent une teinte jaunâtre ou orangée, bien loin du noir et blanc caractéristique des adultes.
Cette évolution chromatique débute dès les premiers jours de vie. Les zones normalement blanches chez l’adulte apparaissent d’abord avec une teinte jaune pâle, parfois tirant sur l’orange.
Au fil des semaines, cette coloration s’estompe progressivement pour laisser place au blanc éclatant que l’on connaît. Les parties noires, quant à elles, s’assombrissent graduellement, passant d’un gris foncé à un noir profond vers l’âge de un an.
La signification biologique de ces teintes jaunâtres ou orangées chez les bébés orques fait l’objet de nombreuses hypothèses.
Des chercheurs suggèrent que cette coloration particulière jouerait un rôle crucial dans le développement et la socialisation des jeunes orques :
• Signal de vulnérabilité : La teinte claire pourrait signaler aux adultes du groupe la nécessité de protéger le nouveau-né.
• Thermorégulation : La pigmentation plus claire pourrait aider à réguler la température corporelle du jeune dans les eaux froides.
• Reconnaissance maternelle : Cette coloration unique faciliterait l’identification du petit par sa mère dans les eaux sombres.
Des observations récentes menées au large de la Norvège ont révélé que les jeunes orques à la pigmentation plus prononcée bénéficiaient d’une attention accrue de la part des femelles adultes du groupe, soulignant l’importance potentielle de ces variations de couleur dans les dynamiques sociales des pods.
MOTIFS ATYPIQUES ET MARQUES UNIQUES CHEZ LES ORQUES
Au-delà des variations classiques de noir et blanc, certaines orques présentent des motifs de coloration véritablement uniques, défiant notre compréhension de la pigmentation chez ces cétacés.
Ces cas, bien que rares, offrent des opportunités précieuses pour étudier la génétique et l’écologie de ces prédateurs marins.
Parmi les exemples les plus frappants, on peut citer le cas de « Patches », une orque femelle observée au large de la Californie, présentant des taches blanches irrégulières sur son corps normalement noir.
En 2019, des chercheurs ont documenté une orque au large de l’Islande arborant une série de lignes blanches parallèles sur son flanc, rappelant les rayures d’un tigre.
L’origine de ces variations atypiques fait l’objet de débats animés dans la communauté scientifique. Deux hypothèses principales se dégagent :
1. Mutations génétiques : Des changements dans les gènes régulant la production et la distribution de mélanine pourraient expliquer ces motifs inhabituels.
2. Facteurs environnementaux : L’exposition à certains polluants ou à des conditions océaniques particulières pourrait influencer la pigmentation de la peau.
Une équipe de l’Institut océanographique de Woods Hole a récemment lancé une étude génétique comparative, analysant l’ADN d’orques aux motifs atypiques et celui d’individus à la coloration classique.