Pourquoi la mer change-t-elle de couleur au même endroit ?

Depuis la plage, tout semble paisible. Pourtant, quand vous regardez l’eau, un mystère se révèle : ici, elle est turquoise, là-bas, elle devient indigo profond.
Pourquoi la mer revêt-elle tant de visages, parfois à quelques mètres d’écart seulement ?

Ce phénomène, aussi esthétique qu’intrigant, en dit long sur les secrets des fonds marins et l’interaction entre lumière et matière.
Exploration en profondeur d’un mystère que beaucoup n’ont jamais vraiment questionné.

Les secrets de la lumière et de l’eau

La couleur de la mer ne vient pas de l’eau en elle-même. L’eau pure est presque transparente. Mais lorsqu’elle est éclairée par la lumière du soleil, tout change.

Quand les rayons solaires frappent la surface de l’eau, certaines longueurs d’onde sont absorbées, d’autres sont réfléchies. Le bleu, en particulier, est peu absorbé et se disperse dans toutes les directions, donnant cette teinte familière aux océans. Mais selon l’heure de la journée, l’angle du soleil et la présence de nuages, l’intensité de cette réflexion peut varier.

C’est pourquoi une mer peut paraître limpide et turquoise le matin, puis virer à l’ardoise lorsque le soleil s’incline. En France, si vous avez déjà nagé dans les calanques de Cassis ou longé les falaises d’Étretat, vous avez sûrement vu ce contraste à l’œuvre.

Profondeur, relief et matières en suspension : des nuances naturelles

La morphologie du fond marin influe aussi fortement sur la couleur de la mer. Dans les eaux peu profondes, la lumière atteint facilement le fond, se réfléchit sur le sable clair ou les coraux, et renvoie des teintes claires, souvent turquoise ou émeraude. À l’inverse, dans les zones plus profondes où la lumière pénètre moins, l’eau paraît plus sombre, parfois jusqu’à donner une impression de noir.

Ajoutez à cela les matières en suspension – comme le plancton, les algues microscopiques ou les sédiments – et la palette change encore. Ces éléments peuvent donner à l’eau des nuances plus laitonnées, vertes ou brunâtres, comme en Bretagne après une tempête où les sédiments remontés teintent l’eau.

Les falaises qui plongent dans la mer créent aussi cette impression dramatique d’un océan noir, en réalité dû à une forte profondeur et à l’ombre portée des roches. C’est ce qui explique pourquoi, au pied d’un cap abrupt, vous pouvez distinguer une mer bien plus sombre que quelques mètres plus loin.

🧠 À retenir – La couleur de la mer dépend surtout de trois facteurs combinés : l’angle de la lumière, la profondeur des fonds et les particules en suspension. Ce sont ces éléments qui transforment un même lieu marin en une mosaïque visuelle surprenante.

Le rôle fascinant du plancton et des micro-organismes

Le plancton joue un rôle essentiel dans la couleur des eaux. En particulier, les phytoplanctons – ces microalgues invisibles à l’œil nu – contiennent de la chlorophylle, qui absorbe la lumière rouge et bleue, et réfléchit le vert. Cela explique pourquoi certaines zones marines, riches en plancton, présentent une teinte verdâtre caractéristique.

En Méditerranée, en été, on observe parfois une eau particulièrement limpide et d’un bleu vif, simplement parce que la concentration en plancton y est faible. Mais dès que les courants ramènent des blooms d’algues, l’eau peut virer au vert en quelques jours.

En parallèle, certaines proliférations planctoniques – comme les fameuses « marées rouges » – peuvent même colorer l’eau avec des teintes rougeâtres lorsqu’un certain type de dinoflagellé se multiplie.

Autre phénomène à ne pas négliger : la fluorescence. Certaines espèces microscopiques réagissent à des longueurs d’onde spécifiques, et peuvent briller dans le noir. Ce n’est pas rare lors de nuits d’été en Bretagne ou au Québec, en particulier après de chaudes journées.

Climat, saisons… et changement climatique

Le climat influe également sur la palette marine que nous observons. L’hiver, en eau froide et agitée, les courants remuent davantage de matière organique, ternissant l’eau et la chargeant de particules. À l’inverse, en été, l’eau est souvent plus calme, claire et lumineuse, notamment en zone côtière protégée.

Les saisons façonnent également la reproduction du plancton, ce qui se reflète dans la couleur perçue. Mais plus récemment, les scientifiques observent que le changement climatique pourrait redessiner la carte des teintes océaniques. Des satellites ont détecté des modifications de la colorimétrie de certaines régions marines, liées à la température et aux variations de salinité et d’acidité.

Cela signifie que dans les décennies à venir, certaines zones aujourd’hui turquoise pourraient virer à des bleus plus sombres, ou à des verts plus denses. La mer reflet du ciel, oui… mais aussi alerte discrète d’un déséquilibre sous-marin.

📝 Cet article est inspiré de la publication originale :
🌊 The same sea, different colors, why?

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