Petite, blanche et très expressive, la baleine béluga (Delphinapterus leucas) fascine autant qu’elle interroge. Présente dans les eaux froides de l’Arctique, cette espèce à la morphologie unique est l’un des cétacés les plus étudiés au monde pour sa communication, son comportement social et sa vulnérabilité face aux changements climatiques.
Mais qui est réellement le béluga ? À mi-chemin entre la baleine et le dauphin, ce mammifère marin détient bien des secrets. Cet article vous plonge dans le monde des bélugas : de leur habitat naturel à leur incroyable intelligence, sans oublier les menaces qui pèsent sur leur survie en 2025.
Le béluga fait-il vraiment partie des baleines ?
Une espèce de cétacé à part dans la famille des monodontidés
Le béluga n’est pas une « baleine » au sens traditionnel du terme. Il appartient à l’ordre des cétacés odontocètes, celui des mammifères marins à dents. Contrairement aux baleines à fanons comme la baleine bleue, le béluga possède des dents lui permettant de capturer poissons et crustacés.
Il est l’un des deux seuls membres de la famille des Monodontidés, aux côtés du narval. Tous deux vivent en Arctique et partagent des caractéristiques biologiques proches, bien que le béluga n’ait pas la longue défense torsadée du narval.
Cette classification zoologique explique pourquoi on parle souvent de « baleine blanche » pour désigner le béluga, même s’il se rapproche plus du dauphin que de la baleine dans sa physiologie.
1 600 kg de pure adaptation au froid : zoom sur sa morphologie unique
Avec une taille moyenne de 4 à 5 mètres pour un poids avoisinant les 1 600 kg, le béluga est un nageur massif mais agile. Son absence de nageoire dorsale, remplacée par une crête dorsale souple, lui permet de nager sous la glace sans se blesser.
Son corps entièrement blanc le distingue de tous les autres cétacés. Cette couleur est une adaptation au milieu arctique, facilitant le camouflage dans les glaces.
La couche de gras épaisse qui l’isole du froid représente jusqu’à 40 % de son poids corporel. Ce spécimen est un parfait exemple d’adaptation physiologique aux extrêmes climatiques polaires.
Pourquoi le cou mobile du béluga fascine les chercheurs marins
Contrairement à la majorité des cétacés, le béluga possède sept vertèbres cervicales non fusionnées. Résultat : il peut tourner la tête de haut en bas et de gauche à droite.
Cette mobilité cervicale lui offre une plus grande flexibilité pour interagir avec son environnement, localiser ses proies et communiquer avec ses congénères.
Les chercheurs s’intéressent particulièrement à cette caractéristique rare chez les cétacés : elle pourrait être liée à l’évolution de leurs facultés cognitives et sociales complexes.
Où vivent les bélugas aujourd’hui ? Focus sur leur habitat naturel
Arctique, Canada, Russie… Carte complète des zones de répartition
Le béluga est un résident des eaux froides et peu profondes de l’hémisphère nord. On retrouve ses populations principalement dans :
– l’Arctique canadien (Baie d’Hudson, Détroit d’Hudson et Fleuve Saint-Laurent),
– la Russie (mer de Barents, mer de Kara, mer d’Okhotsk),
– le Groenland,
– et certaines côtes nord de l’Alaska.
Ces zones abritent différentes sous-populations, parfois isolées géographiquement. Selon le WWF Canada, la population du Saint-Laurent compte moins de 900 individus aujourd’hui.
4 migrations clés observées chez les bélugas sur une année
Le béluga est partiellement migrateur. Ses déplacements dépendent des variations de température de l’eau et de la couverture de glace.
Voici 4 modèles saisonniers observés :
– En hiver, les bélugas se rassemblent dans des zones libres de glace ou autour de fissures arctiques.
– Au printemps, ils remontent les fleuves comme le Saint-Laurent pour la reproduction.
– En été, ils s’approchent des côtes peu profondes pour se nourrir et élever les jeunes.
– À l’automne, ils entament leur retour vers les eaux plus profondes et protégées.
Cette stratégie migratoire est vitale pour leur survie, mais elle est de plus en plus perturbée à cause du changement climatique.
Menaces environnementales en hausse dans les zones arctiques habitées par les bélugas
Les écosystèmes arctiques changent rapidement. La fonte des glaces perturbe les cycles de migration et les zones d’alimentation du béluga.
De plus, l’expansion de l’extraction pétrolière et gazière dans l’Arctique accroît la pollution sonore sous-marine, rendant la communication entre individus plus difficile.
Le dérèglement de la chaîne alimentaire (poissons moins abondants ou déplacés) fragilise davantage leur présence dans ces zones.
🧠 À retenir :
Le béluga habite les régions froides de l’hémisphère nord et suit des schémas migratoires précis. Aujourd’hui, la pression humaine et les changements climatiques menacent fortement ces modes de vie ancestraux.
Les bélugas communiquent-ils vraiment comme des canaris des mers ?
Jusqu’à 11 types de sons enregistrés chez le béluga en milieu naturel
Le béluga n’a pas volé son surnom de « canari des mers ». Il émet une grande variété de sons : gazouillis, cliquetis, sifflements et « grognements » qu’il utilise pour se repérer, socialiser ou se nourrir (écholocation).
Des études acoustiques ont répertorié jusqu’à 11 catégories distinctes de vocalisations. Certaines sont spécialisées selon le contexte : jeu, alerte ou maternage. Sa capacité vocale est l’une des plus variées chez les cétacés.
Cette richesse sonore est rendue possible grâce au melon, une structure située sur le front, qui module les sons émis.
Une intelligence sociale finement développée chez ce cétacé blanc arctique
Le béluga vit en groupes appelés pods, pouvant aller de 10 à plus de 100 individus. Il développe de fortes interactions sociales : soins aux jeunes, jeux, collaborations pour la chasse.
Il est aussi l’un des rares cétacés à reconnaître sa propre image dans un miroir, signe d’une intelligence sociale avancée.
Cette cognition s’illustre aussi dans sa réactivité aux perturbations sonores et aux comportements humains, notamment en captivité.
Études en captivité : ce que les tests mémoire révèlent sur le béluga
Les bélugas en captivité ont permis d’étudier leur capacité de mémorisation sonore. Ils peuvent reconnaître la signature vocale d’un individu même après plusieurs années de séparation.
Ils maîtrisent également des enchaînements de comportements complexes quand ils sont entraînés par renforcement positif.
Une étude japonaise a démontré qu’un béluga pouvait répondre de manière différenciée à plus de 60 sons spécifiques, preuve d’un système de reconnaissance avancé.
Bientôt disparus ? Les populations de bélugas sous pression en 2025
Moins de 2000 individus pour certaines zones de l’Arctique
Si certaines populations sont relativement stables, d’autres sont en grave déclin. Le béluga du Saint-Laurent, par exemple, compte moins de 900 individus en 2025. En mer d’Okhotsk (Russie), on estime une population inférieure à 1 500.
Ces chiffres alarmants témoignent d’un effondrement localement avancé, dû à la combinaison de plusieurs facteurs : reproduction lente, faible diversité génétique et impacts anthropiques.
Bélugas et réchauffement climatique : conséquences de la fonte des glaces
La concentration de bélugas autour des zones polaires les rend vulnérables à la disparition progressive de la banquise.
La fonte des glaces impacte directement :
– leur accès aux proies
– leur déplacement migratoire
– leur sécurité, notamment pour les jeunes exposés aux orques de plus en plus présentes dans les eaux libérées de la glace.
Ce phénomène rend désormais les bélugas observables dans des régions plus au sud, hors de leur habitat naturel.
Pollution sonore, plastique et trafic maritime : triple menace sur leur survie
Les bélugas dépendent de la communication acoustique. Alors que la pollution sonore explose en Arctique (ports, navires, prospection sismique), leurs capacités sont durablement altérées.
Les microplastiques s’accumulent dans leurs proies, affectant leur santé sur le long terme.
Enfin, l’accroissement du trafic maritime dans l’Arctique augmente le risque de collision et de perturbation de leurs aires de reproduction.
Notre dernier mot sur la baleine béluga
Majestueux, sociable et menacé, le béluga est bien plus qu’une simple baleine blanche. Face aux dérèglements environnementaux de 2025, il devient l’un des symboles vivants de l’urgence climatique et de la fragilité de l’écosystème arctique.
S’informer, soutenir les projets de conservation, éviter le tourisme invasif : chacun peut jouer un rôle pour protéger ce cétacé hors du commun.