Jenny Taggart, une femme de 44 ans installée dans l’Essex en Angleterre, a été condamnée à une peine de prison ferme après avoir orchestré une escroquerie glaçante au détriment d’un jeune homme de 18 ans. Elle l’a manipulé pendant deux ans, lui soutirant plus de 86 000 livres sterling, en lui faisant croire que la vie de son fils était en jeu à cause de dangereux usuriers.
Cette affaire met en lumière l’ampleur que peuvent prendre des arnaques psychologiques ciblant les plus vulnérables. Derrière le geste, une mécanique d’emprise longue, froide et méthodique.
Un piège savamment orchestré pendant la pandémie
L’affaire débute en septembre 2020, alors que le Royaume-Uni fait face aux restrictions liées à la pandémie du Covid-19. Jenny Taggart rencontre sa jeune victime dans ce contexte incertain—un garçon vulnérable, seul, et visiblement en quête d’interactions sociales. Très vite, elle gagne sa confiance avec un mélange inquiétant de bienveillance feinte et de mensonges calculés.
Elle lui explique que son fils est poursuivi par des “loan sharks”, ou usuriers violents, qui menaceraient sa vie et celle de sa famille. Sous le choc et dans l’angoisse de voir quelqu’un en danger, le jeune homme accepte de lui transférer de l’argent pour « acheter leur sécurité ».
Au total, sur 22 mois, le stratagème lui permettra de soutirer 86 000 £ (environ 100 000 €). Un montant colossal, accumulé par morceaux, rendus « nécessaires » par de nouvelles menaces qu’elle inventait au fur et à mesure.
Un engrenage destructeur pour la victime
La victime, bien qu’adulte légalement, souffrait de troubles cognitifs le rendant particulièrement influençable. Ce profil fragile a permis à Taggart de l’assujettir. Elle ne s’est pas contentée de lui voler de l’argent, elle a aussi sapé sa stabilité psychologique pendant près de deux ans.
Le jeune homme a vidé ses comptes, emprunté de l’argent à ses proches, et mis en péril sa situation économique — le tout, convaincu qu’il servait une cause juste et urgente. L’emprise mentale était telle qu’il n’a osé révéler la situation à personne, de peur d’aggraver les choses ou de déclencher la « colère » des usuriers fictifs.
Ce n’est qu’en 2022 que la famille découvre l’affaire et alerte les autorités. La police commence alors à enquêter et découvre que l’histoire du fils menacé est entièrement inventée.
🧠 À retenir – Cette affaire illustre violemment comment les escrocs exploitent les failles émotionnelles pour mettre en place des manipulations durables. Elle rappelle également la fragilité de certains jeunes adultes peu armés face à des personnalités manipulatrices.
Une justice qui rétablit partiellement l’équilibre
Lors de son procès à la Chelmsford Crown Court, Jenny Taggart a été reconnue coupable de fraude par abus de confiance. Dans un verdict décrit comme « inévitable » par le juge, elle a été condamnée à deux ans et demi d’emprisonnement ferme.
Le tribunal a souligné sa « cruauté glaciale » et l’exploitation délibérée d’une personne vulnérable incapable de reconnaître l’arnaque. L’impact psychologique sur la victime étant majeur, la condamnation visait autant à punir qu’à freiner ce type de comportement, souvent marginalisé dans les procès pour escroquerie.
Lors du procès, la victime a exprimé son soulagement mais également son incompréhension : « Je croyais vraiment que je l’aidais… je n’ai jamais imaginé qu’elle pouvait me mentir à ce point. » Il suit désormais une thérapie pour tenter de reconstruire son estime de soi et reprendre une vie normale.
Une vigilance collective face à ce type d’arnaques
Cette forme d’escroquerie émotionnelle reste plus fréquente qu’on ne le pense. Elle ne laisse pas de traces visibles, pas de coups ni de menaces directes. Juste un filet qui s’abat peu à peu sur une cible jusqu’à l’asphyxier psychologiquement et financièrement.
En Europe francophone aussi, les affaires de ce genre existent, parfois sous forme de fausses collectes pour enfants malades, ou de « romances » sur internet. Les profils vulnérables — personnes isolées, jeunes adultes ou personnes âgées — sont les cibles privilégiées.
Informer, former les professionnels de santé, les éducateurs, et faciliter les signalements pourraient limiter les dégâts. La prévention passe également par le renforcement de l’esprit critique et la libération de la parole des victimes, souvent honteuses ou incrédules face à leur propre histoire.
📝 Cet article est inspiré de la publication originale :
‘Cruel’ woman who stole £86,000 from vulnerable 18-year-old by lying that her son was being targeted by loan sharks is jailed