Un comportement jamais observé à l’état sauvage vient bouleverser notre compréhension des orques. Deux individus ont été filmés dans une interaction faciale troublante : un véritable « baiser » en pleine mer, langue contre langue.
Captée par des scientifiques amateurs en Norvège, cette scène insolite intrigue les chercheurs. Elle pourrait dévoiler un pan caché de la vie sociale des cétacés les plus fascinants de notre planète.
Une scène étrange et intimiste, au cœur des fjords norvégiens
Fin 2024, dans les eaux glaciales de Kvænangen, au nord de la Norvège, deux orques sauvages ont été filmées dans ce qui ressemble de très près à un baiser… avec la langue. L’échange, loin d’être furtif, s’est étendu sur près de deux minutes.
Pendant ce laps de temps, les deux cétacés ont maintenu un contact buccal prolongé, s’effleurant les langues et les dents dans une chorégraphie étonnamment douce. Aucune trace d’agressivité ni de combat ; au contraire, les images montrent un échange lent et délicat, voire affectueux.
Cette scène rare a été capturée à l’improviste par des passionnés de science participative. Filmée à la surface depuis un bateau, l’observation bouleverse les biologistes marins, car ce type d’interaction n’avait jusqu’alors été repéré que chez des orques en captivité.
Des baisers pour communiquer, jouer… ou séduire ?
Que signifie donc ce geste entre deux orques sauvages ? Pour Javier Almunia, directeur de la Fondation Loro Parque et auteur de l’étude, cette interaction pourrait jouer un rôle social important. Il évoque une forme de contact sensoriel visant à renforcer les liens – un comportement analogue à celui observé chez certains singes ou dauphins.
Des « morsures douces de langue », comme les nomment les scientifiques, ont déjà été relevées durant des études comportementales en bassin. Chez les bélugas, par exemple, des échanges bouche-à-bouche ont aussi été documentés et liés à des jeux entre jeunes individus : une manière d’explorer, d’apprendre et de nouer des relations.
🧠 À retenir – Ces baisers ne sont ni agressifs, ni sexuels à première vue. Au contraire, ils pourraient témoigner de sociétés orcines bien plus complexes qu’on ne l’imaginait. Ce comportement soulève de nouvelles pistes pour comprendre les langages non verbaux entre mammifères marins.
Un potentiel reflet culturel chez une espèce réputée très sociale
Les orques sont réputées pour leur intelligence sociale, leur organisation en clans et… leur culture. Oui, certains comportements se transmettent non pas par les gènes, mais par l’imitation au sein des pods. En Méditerranée, un groupe attaque volontairement des voiliers. En région pacifique, d’autres jouent à se coiffer avec des saumons morts.
Ainsi, l’ »embrassade » buccale pourrait être plus qu’un simple jeu : peut-être un véritable rituel transmis au sein d’un groupe. À l’image de l’usage de végétaux ou de galets pour se gratter la peau, ou encore des langages à clics propres à chaque population, ce comportement pourrait s’inscrire dans le vaste champ de la culture orcine.
Imagine-t-on un jeune orque observer ses aînés « s’embrasser » et imiter plus tard cette curieuse danse aquatique ? Si tel est le cas, c’est tout un pan de la vie affective et cognitive de ces mammifères qu’il reste à explorer.
Ce que ces gestes nous disent de notre ignorance sur l’univers animal
Une chose est certaine : nous savons encore trop peu de choses sur la vie émotionnelle des animaux marins. L’observation d’un simple « baiser » peut ouvrir des perspectives vertigineuses sur la capacité des orques à créer et entretenir des relations.
Comme nos propres gestes d’affection – mains serrées, joues effleurées, regards échangés – ces interactions pourraient recéler des codes sociaux profonds. La douceur du contact, répétée et mutuelle, évoque un soin volontaire, une communication corporelle subtile et symbolique.
Ce cas unique incite donc les chercheurs à mener davantage d’observations en milieu sauvage, à longue durée, pour déterminer s’il s’agit d’un cas isolé… ou d’un comportement bien plus fréquent qu’on ne le pensait. Mais pour cela, il faut de la patience, et surtout beaucoup de respect pour ces êtres libres, mystérieux et, visiblement, capables de tendresse.
📝 Cet article est inspiré de la publication originale :
Orcas Caught ‘Kissing’ For Two Minutes With Tongue