Une scène marine rarissime a été capturée au large des fjords norvégiens : deux orques sauvages engagées dans un étrange rituel de “baiser avec la langue”. Le comportement intrigue les spécialistes, tant il semble emprunté aux interactions humaines… mais avec une touche de mystère animal fascinant.
Observer un tel moment dans le monde sauvage — et non en captivité — est inédit. Mais que cherche-t-on vraiment à comprendre derrière ce spectacle inattendu ? Un geste d’affection ? Une technique de communication ? Ou l’émergence d’une toute nouvelle tradition sociale chez ces cétacés ?
Un baiser d’orques observé pour la première fois dans la nature
Les images ont été enregistrées dans les fjords de Kvænangen, au nord de la Norvège, par un groupe de citoyens scientifiques. Ils ont immortalisé deux orques, ou épaulards, face à face, dans une interaction orale qui s’apparente à un baiser prolongé. Pendant près de deux minutes, les deux individus ont échangé des gestes doux et répétés, impliquant un contact langue contre langue. Un comportement jusqu’ici seulement rapporté en captivité.
Cette interaction a aussitôt attiré l’attention de Javier Almunia, directeur de la Fondation Loro Parque, et de ses collègues biologistes marins, qui ont publié leur analyse dans la revue Oceans. Leur description évoque un échange affectif, sans agressivité ni dominance apparente — ce qui laisse libre cours à plusieurs hypothèses.
Ce moment rare réveille une question centrale : jusqu’à quel point notre conception des comportements “humains” s’étend-elle au monde animal ?
Affection, jeu ou stratégie sociale ? Les pistes des chercheurs
Les scientifiques abordent prudemment l’interprétation de ce “baiser” aquatique : manque de données, observation unique… impossible d’en tirer une conclusion définitive. Mais plusieurs théories émergent.
Ce type de contact buccal pourrait renforcer les liens sociaux, comme le toilettage chez les singes. Cela pourrait aussi être une forme de jeu, fréquente chez les cétacés, ou même un comportement lié à l’apprentissage social, notamment chez les jeunes. Ce qui est certain, c’est qu’aucun des deux animaux n’a montré le moindre signe d’agressivité — bien au contraire.
Fait intéressant : un comportement similaire a été documenté chez les bélugas, notamment chez les jeunes individus en captivité, qui semblent initier de tels gestes par curiosité ou pour développer leurs capacités motrices.
🧠 À retenir – Ce type de comportement, bien que ponctuel, pourrait révéler une autre facette d’une intelligence sociale encore méconnue chez les orques, à la croisée des émotions, du jeu et de la culture animale.
Un possible reflet de la culture orque en constante évolution
Les orques, comme de nombreuses espèces sociales, sont porteuses de traditions culturelles. Certaines populations se transmettent des techniques de chasse spécifiques, des dialectes vocaux, des préférences alimentaires et même des “coutumes” éphémères. Récemment, des orques ont été observées parées de têtes de saumons morts, comme s’il s’agissait de chapeaux étranges — un comportement purement culturel, propre à un seul groupe.
Ce “baiser” pourrait être un geste de grooming social… ou devenir, si reproduit, une norme culturelle parmi certains clans. Comme les humains, les orques savent imiter, transmettre, jouer, détourner et adopter des comportements nouveaux dont le sens évolue dans le groupe. Et c’est cette plasticité comportementale qui fascine les chercheurs aujourd’hui.
Un parallèle troublant, mais profondément captivant, entre la complexité de nos interactions sociales et celles du monde marin. Plus on les observe, plus les orques s’émancipent de leur image classique de super-prédateur pour incarner des sociétés dynamiques, sensibles… et culturelles.
La science face au mystère de la vie sociale sous-marine
Ce simple contact langue contre langue, filmé dans l’eau froide d’un fjord norvégien, invite à repenser notre rapport aux émotions et aux liens dans le monde animal. Car derrière ces gestes surprenants, se cache peut-être une sophistication invisible, qui ne demande qu’à être comprise. Et qui sait combien de tels comportements, discrets et déroutants, échappent encore à notre regard.
En captivité ou à l’état sauvage, les cétacés ne cessent de déjouer les attentes des chercheurs. Leur inventivité, leur expressivité, voire leur humour parfois (comme les “chapeaux de saumon”) brouillent les lignes entre nature et culture. Observer un baiser chez des orques n’a rien d’anecdotique : c’est un petit fragment de puzzle qui éclaire, à sa manière, la richesse inattendue de la vie sous-marine.
Et plus largement, cela rappelle que malgré toutes nos connaissances, les océans restent un espace d’inconnues. Chaque comportement documenté, aussi étrange soit-il, ouvre de nouvelles perspectives sur l’intelligence animale et notre propre capacité à la reconnaître.
📝 Cet article est inspiré de la publication originale :
Orcas Caught ‘Kissing’ For Two Minutes With Tongue
