Marsouins : Tout savoir sur ce cochons de mer » , cousin du dauphin

Saviez-vous que certaines espèces de marsouins, comme la vaquita, sont aujourd’hui parmi les animaux marins les plus rares au monde, avec moins de 10 individus recensés ?

Ce chiffre alarmant révèle à quel point ces cétacés discrets, souvent confondus avec les dauphins, méritent toute notre attention. Compact, vif et mystérieux, le marsouin occupe une place unique dans l’écosystème marin. 

Qu’est-ce qu’un marsouin ?

Morphologie et description du marsouin

Le marsouin est un petit cétacé odontocète, autrement dit, un mammifère marin à dents. À première vue, il ressemble à un dauphin miniature, mais plusieurs détails permettent de le distinguer. Le marsouin présente :

  • Un corps trapu et robuste.
  • Une tête arrondie sans « bec » proéminent, contrairement aux dauphins.
  • Une petite nageoire dorsale triangulaire.
  • Une coloration contrastée : dos sombre et ventre clair.

Le marsouin commun (Phocoena phocoena), l’espèce la plus répandue, mesure environ 1,5 mètre pour un poids de 50 à 70 kg. Certains, comme le marsouin de Dall (Phocoenoides dalli), peuvent atteindre 2,4 mètres de long.

Leur durée de vie varie entre 10 et 20 ans selon les espèces et les conditions environnementales.

Selon le site Baleines en direct, les marsouins du Saint-Laurent vivent une vie « courte mais intense », principalement tournée vers la survie et la reproduction rapide.

Différences entre marsouin et dauphin

Marsouins et dauphins sont souvent confondus, mais leurs différences sont bien réelles :

  • Forme de la tête : le dauphin a un long rostre, alors que le marsouin a un museau arrondi.
  • Taille : les marsouins sont généralement plus petits et plus trapus.
  • Comportement : les dauphins sont joueurs et visibles en surface, tandis que les marsouins sont discrets et rapides, avec peu d’éclaboussures.
  • Nageoire dorsale : triangulaire chez le marsouin, incurvée chez le dauphin.

Ces distinctions sont cruciales pour les chercheurs et les écologistes qui étudient la santé des écosystèmes marins.

Où vivent les marsouins ?

Habitat naturel et répartition géographique

Les marsouins peuplent principalement les eaux côtières tempérées à froides de l’hémisphère Nord. Le marsouin commun, par exemple, est présent dans :

  • L’Atlantique Nord
  • La mer du Nord
  • La mer de Béring
  • La mer Noire

D’autres espèces comme le marsouin sans nageoire du Yangtsé évoluent en eau douce, ce qui est exceptionnel chez les cétacés. Chaque espèce est adaptée à son environnement :

  • Les eaux froides et turbides pour le marsouin commun.
  • Les estuaires et rivières boueuses pour le marsouin du Yangtsé.

Leur préférence pour les zones côtières les expose particulièrement aux activités humaines, notamment la pêche industrielle et la pollution.

Adaptations à différents environnements marins

Leur morphologie compacte leur permet d’évoluer efficacement dans les eaux peu profondes et parfois agitées. Le marsouin possède également :

  • Une capacité d’écholocation très développée pour chasser dans des eaux troubles.
  • Un souffle discret, quasi invisible, pour éviter d’attirer les prédateurs.
  • Un comportement généralement solitaire ou en petits groupes, idéal pour réduire les risques dans des zones de pêche dense.

Ces adaptations font du marsouin un véritable spécialiste de la discrétion, mais aussi un indicateur sensible de la santé des milieux côtiers.

Comment vivent les marsouins ?

Comportement social et communication

À la différence de leurs cousins dauphins, les marsouins sont des créatures discrètes.

Ils vivent généralement en petits groupes, souvent composés de 2 à 7 individus. Parfois, on peut observer des regroupements plus importants, notamment autour de zones riches en nourriture, mais cela reste relativement rare.

Le comportement social du marsouin est marqué par :

  • Des interactions limitées : contrairement aux dauphins, les jeux sociaux sont peu fréquents.
  • Un attachement fort mère-petit : les femelles protègent intensément leur unique petit.
  • Des regroupements stratégiques : ils se rassemblent principalement pour chasser efficacement ou se protéger des prédateurs.

Côté communication, les marsouins utilisent une palette de sons variés : clics ultrasonores pour l’écholocation, sifflements, cris brefs pour interagir avec leurs congénères.

Leur fréquence d’écholocation est très élevée (130 kHz environ), ce qui les rend pratiquement inaudibles pour la majorité des prédateurs marins et même pour les humains.

Un fait étonnant : la vaquita, le marsouin du Golfe de Californie, utilise un sonar encore plus fin que ses cousins, probablement pour s’adapter aux eaux troubles et aux filets de pêche menaçants.

Cycle de vie : reproduction et longévité

Le cycle de vie des marsouins est particulièrement rapide et tendu, surtout comparé à d’autres cétacés.

Quelques repères :

  • Saison de reproduction courte : en général, concentrée sur 1 à 2 mois dans l’année.
  • Pas de couple formé : après l’accouplement, mâles et femelles reprennent leur route indépendamment.
  • Gestation : elle dure entre 10 et 11 mois, selon les espèces.
  • Allaitement : le petit est nourri par sa mère pendant 6 à 8 mois, parfois plus si les conditions sont difficiles.

Le marsouin atteint sa maturité sexuelle très jeune : autour de 3 à 5 ans. Malheureusement, il vit rarement plus de 20 ans, avec une mortalité élevée dès les premières années de vie. Leur biologie semble calquée sur une urgence constante : se reproduire rapidement pour assurer la survie de l’espèce.

À noter : Selon une étude de Pêches et Océans Canada, le marsouin commun du Saint-Laurent montre une pression reproductive intense dès l’adolescence, preuve que les conditions environnementales pèsent lourdement sur son espérance de vie.

Que mangent les marsouins ?

Régime alimentaire détaillé

Les marsouins sont de véritables chasseurs opportunistes. Leur alimentation varie en fonction de leur habitat, mais ils privilégient des proies relativement petites et faciles à capturer.

On retrouve dans leur menu :

  • Poissons : hareng, maquereau, sardine, merlan, morue.
  • Crustacés : crevettes, crabes.
  • Mollusques : seiches, calmars.

Le marsouin commun (Phocoena phocoena) préfère chasser en eaux peu profondes et affectionne les zones riches en petits poissons pélagiques.

Quelques faits marquants :

  • Un marsouin adulte consomme jusqu’à 10 % de son poids corporel en nourriture chaque jour.
  • Il peut plonger jusqu’à 200 mètres de profondeur, même si la majorité de ses chasses se fait dans les 50 premiers mètres.

Cette consommation massive est vitale pour compenser sa dépense énergétique élevée, liée à son métabolisme rapide et à la température froide de ses habitats.

Techniques de chasse et écholocation

Le marsouin utilise un système d’écholocation sophistiqué pour détecter ses proies dans les eaux troubles où la visibilité est souvent nulle.

Ses atouts :

  • Clics ultrasonores à haute fréquence qui se répercutent sur les proies.
  • Analyse du retour sonore pour évaluer la taille, la distance et même la texture de la cible.
  • Stratégie discrète : contrairement aux dauphins qui peuvent créer des groupes de chasse spectaculaires, le marsouin préfère souvent chasser seul ou en très petits groupes pour éviter d’alerter les prédateurs.

Des études, notamment celle publiée dans The Journal of Experimental Biology (2024), montrent que leur sonar est si fin qu’il peut distinguer un hareng d’un simple débris organique flottant dans l’eau.

Cela explique leur efficacité redoutable malgré leur petite taille.

Quelle est la situation actuelle des marsouins ?

Menaces pesant sur les marsouins

Malgré leur discrétion, les marsouins sont aujourd’hui parmi les cétacés les plus menacés par les activités humaines. Plusieurs dangers majeurs pèsent sur leur survie :

  • Captures accidentelles dans les filets de pêche : C’est la principale cause de mortalité. Chaque année, des milliers de marsouins meurent pris dans des filets dérivants ou fixes destinés à d’autres espèces, notamment en mer du Nord et dans le golfe du Saint-Laurent.
  • Pollution chimique et sonore : Les polluants comme les métaux lourds, les PCB et les plastiques affectent directement leur santé (réduction de la fertilité, malformations). À cela s’ajoutent les nuisances sonores sous-marines (sonars militaires, forages pétroliers) qui perturbent leur communication et leur capacité à chasser.
  • Diminution des ressources alimentaires : La surpêche appauvrit leur garde-manger naturel, forçant certains marsouins à se nourrir de proies de moindre qualité nutritionnelle.
  • Dégradation de l’habitat : Le développement côtier, la pollution agricole et industrielle détruisent les écosystèmes côtiers essentiels aux marsouins.

Un cas emblématique : la vaquita (Phocoena sinus), petite espèce de marsouin endémique du Golfe de Californie, est aujourd’hui en danger critique d’extinction.

Selon le WWF, il ne resterait qu’une dizaine d’individus en 2025. Leur principale menace ? Les filets destinés à la pêche illégale du totoaba, un poisson prisé pour sa vessie natatoire.

Initiatives et actions pour leur sauvegarde

Heureusement, des initiatives voient le jour pour tenter de sauver les marsouins :

  • Zones marines protégées : Plusieurs sanctuaires ont été créés, comme dans le golfe de Californie ou l’estuaire du Saint-Laurent, pour limiter les activités humaines nuisibles.
  • Filets de pêche plus sûrs : Le développement de filets « écologiques » munis de répulsifs acoustiques (pingers) permet de réduire de 50 à 70 % les captures accidentelles selon une étude de Marine Mammal Science (2023).
  • Sensibilisation et éducation : Campagnes publiques, documentaires et actions locales visent à mieux faire connaître ces animaux et à encourager des pratiques de pêche responsables.
  • Recherche scientifique : De nombreux projets de suivi par balises acoustiques permettent aujourd’hui de mieux comprendre les déplacements et les besoins écologiques des différentes espèces de marsouins.

Un exemple marquant : au Royaume-Uni, l’association Whale and Dolphin Conservation (WDC) a lancé le programme « Save Our Porpoises », qui combine suivi scientifique, collaboration avec les pêcheurs locaux, et lobbying pour renforcer la réglementation sur les captures accidentelles.

Conclusion

Discrets, vifs, et essentiels à l’équilibre des milieux côtiers, les marsouins restent pourtant parmi les cétacés les moins connus du grand public. Leur destin est désormais intimement lié à notre capacité collective à réduire nos impacts sur les océans : pêche responsable, préservation des habitats, lutte contre la pollution sonore et chimique.

Comprendre le marsouin, c’est aussi réaliser combien la biodiversité marine est fragile, mais incroyablement précieuse. En protégeant ces petits « anges noirs et blancs » de nos côtes, nous défendons aussi un patrimoine vivant irremplaçable.

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