Majestueux, redouté, souvent mal compris, le grand requin blanc fascine autant qu’il effraie. Véritable icône des océans, il est devenu un symbole de puissance mais aussi de mystère. Pourtant, derrière l’image du prédateur sans pitié se cache un animal complexe, essentiel à l’équilibre marin.
Aujourd’hui, plongeons ensemble pour découvrir toutes les facettes du grand requin blanc !
Qu’est-ce que le grand requin blanc ?
Son portrait en quelques chiffres
Le grand requin blanc (Carcharodon carcharias) est un géant des mers : les femelles, plus grandes que les mâles, atteignent souvent entre 4,6 et 4,9 mètres de long, pour un poids pouvant dépasser 1 100 kilos. Les mâles mesurent généralement entre 3,4 et 4 mètres pour environ 680 à 800 kilos.
En janvier 2025, les scientifiques d’OCEARCH ont identifié « Contender », un spécimen mâle de 4,2 mètres et 750 kg dans l’Atlantique Nord-Ouest — un record pour cette région !
Côté vitesse, le grand requin blanc peut atteindre 56 km/h sur de courtes distances, lui permettant d’attaquer ses proies par surprise. Quant à sa longévité, il pourrait vivre jusqu’à 70 ans, bien que des recherches récentes continuent d’affiner cette estimation.
Une anatomie taillée pour la prédation
Tout dans son anatomie respire l’efficacité. Le grand requin blanc possède environ 300 dents triangulaires et crantées, parfaitement conçues pour trancher chair et os. Sa mâchoire peut exercer une pression estimée à près de 1,8 tonne, soit l’une des morsures les plus puissantes du règne animal marin.
Autre superpouvoir : il est capable de maintenir sa température corporelle plus chaude que celle de l’eau environnante grâce à un réseau sanguin spécial appelé « rete mirabile ». Ce mécanisme améliore ses performances musculaires et lui permet d’évoluer efficacement même en eaux froides, une rareté chez les poissons.
Ses sens ultras développés — notamment son électroréception via les ampoules de Lorenzini — lui permettent de détecter le moindre battement de cœur d’une proie à plusieurs mètres !
Où vit le grand requin blanc ?
Ses zones de répartition dans le monde
Le grand requin blanc n’est pas un sédentaire : on le retrouve dans presque tous les océans du globe, principalement dans les eaux tempérées. Il affectionne particulièrement les zones côtières riches en proies, mais il n’est pas rare de le croiser en haute mer.
Voici quelques-unes de ses « adresses préférées » :
- Côtes de l’Afrique du Sud (notamment autour de Gansbaai, surnommée « la capitale du grand requin blanc »),
- Australie (surtout au large de l’Australie-Occidentale),
- Californie,
- Mexique (célèbre île de Guadalupe),
- Nord-Ouest de l’Atlantique (récemment « Contender » a été marqué dans cette région).
La Méditerranée, bien que moins souvent évoquée, abrite elle aussi quelques spécimens, notamment près de la Sicile et de la Tunisie.
Migration et comportements saisonniers
Le grand requin blanc est un grand voyageur. Certaines études de marquage satellite, comme celles menées par l’organisation Ocearch, ont révélé des migrations incroyables. Certains individus parcourent jusqu’à 20 000 km en une année !
Pourquoi migrent-ils autant ? Les raisons sont multiples :
- Recherche de nourriture (zones riches en phoques, otaries, gros poissons),
- Reproduction (zones de naissance identifiées au large du Mexique et d’Afrique du Sud),
- Adaptation aux variations de température des eaux.
Un exemple fascinant : les grands requins blancs de Californie se rendent chaque année vers une mystérieuse zone du Pacifique surnommée « Le Café des Requins », dont les scientifiques commencent à peine à comprendre l’importance écologique.

Le grand requin blanc, un prédateur redoutable
Techniques de chasse impressionnantes
Le grand requin blanc est un stratège hors pair. Plutôt que de foncer tête baissée, il privilégie l’effet de surprise. Il approche ses proies par en dessous, profitant de sa couleur grise dorsale pour se camoufler dans les profondeurs. Puis, il jaillit à toute vitesse vers sa cible, souvent avec une puissance telle qu’il peut littéralement bondir hors de l’eau. Ce comportement spectaculaire, appelé « breaching », est notamment observé près des colonies de phoques.
Ses proies favorites :
- Phoques,
- Otaries,
- Thons,
- Tortues marines,
- Parfois d’autres requins plus petits.
Une fois la proie blessée, le grand requin blanc recule souvent pour attendre qu’elle s’affaiblisse avant de revenir la consommer, évitant ainsi de se blesser lors du combat.
Le rôle clé dans l’écosystème marin
Le grand requin blanc joue un rôle crucial dans l’équilibre des océans. En régulant les populations de prédateurs intermédiaires (comme les phoques), il préserve la biodiversité marine et évite les déséquilibres écologiques.
Sans lui, certaines espèces de proies proliféreraient de manière incontrôlée, menaçant d’autres maillons de la chaîne alimentaire. C’est ce qu’on appelle l’effet cascade.
Le grand requin blanc et l’homme
Une relation ambiguë
Depuis des décennies, le grand requin blanc alimente les peurs collectives. Des films comme Les Dents de la mer ont forgé son image de « mangeur d’hommes ». Pourtant, les faits racontent une autre histoire.
Selon l’International Shark Attack File, il y a en moyenne moins de 10 attaques mortelles de requins par an dans le monde, toutes espèces confondues. Le grand requin blanc est certes impliqué dans quelques attaques non provoquées, mais il ne « chasse » pas l’humain par instinct. La plupart du temps, il s’agit d’erreurs d’identification (un surfeur peut être confondu avec un phoque).
En réalité, on court beaucoup plus de risques avec :
- Les moustiques (responsables de millions de décès par an),
- Les accidents de voiture,
- Même les selfies (cause de plus d’une centaine de morts annuelles).
Protection et conservation de l’espèce
Aujourd’hui, le grand requin blanc est classé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La pêche ciblée, les prises accidentelles dans les filets de pêche, et la perte de leur habitat mettent en péril cette espèce emblématique.
Heureusement, de nombreux efforts sont en cours :
- Programmes de marquage satellite pour mieux comprendre leurs déplacements,
- Aires marines protégées,
- Sensibilisation du public à travers des documentaires et campagnes éducatives.
Certaines zones, comme l’Afrique du Sud ou l’Australie, ont même instauré des lois très strictes pour interdire la pêche au grand requin blanc et protéger leurs populations locales.
Mythes et réalités sur le grand requin blanc
Démystifier sa réputation
Le grand requin blanc n’est pas ce « monstre sanguinaire » que l’on imagine. De nombreuses études montrent qu’il fait preuve de prudence avant d’attaquer et qu’il est même curieux face à des objets inconnus, comme des caméras ou des planches de surf.
Par exemple :
- Un grand requin blanc s’approche souvent en cercle avant d’interagir.
- Il mord parfois pour explorer, comme le ferait un enfant avec un nouvel objet.
Derrière ses allures imposantes, il y a un comportement plus complexe qu’un simple « appétit » incontrôlable.
Anecdotes fascinantes et records
Quelques exemples qui montrent toute la grandeur du grand requin blanc :
- Deep Blue, observée au large d’Hawaï, est la plus grande femelle recensée : plus de 6 mètres de long et estimée à 2 tonnes !
- En 2025, « Contender » a battu un record dans l’Atlantique Nord-Ouest avec ses 4,2 mètres.
- Les scientifiques ont observé des requins blancs capables de plonger à plus de 1 200 mètres de profondeur pour explorer les abysses.
Chaque rencontre est une mine d’informations précieuses pour mieux comprendre leur mode de vie.
Conclusion
Le grand requin blanc reste l’un des animaux marins les plus fascinants de notre planète. Derrière son image de prédateur redoutable, il révèle un rôle essentiel dans l’équilibre des océans et une complexité comportementale captivante. Mieux connaître le grand requin blanc, c’est aussi mieux comprendre pourquoi il est si important de le protéger.
Alors, la prochaine fois que vous entendrez parler d’un grand requin blanc, souvenez-vous : ce n’est pas un monstre, mais un trésor vivant de nos mers !